Culturbitacées – une association née de l’envie de partager une culture libre, accessible et sans complexes, qui a vu le jour avec le lancement du podcast CulturoTrip.
Dans ce podcast, co-animé par Jules Bianchi, Sylvain Belin et moi-même, nous invitons des personnes de tous horizons à partager trois œuvres qui ont marqué leur vie. L’idée n’est pas de se limiter aux classiques ou aux œuvres reconnues, mais de s’intéresser à celles qui résonnent personnellement avec nos invités. Ce format offre un espace d’échange authentique, où chacun peut célébrer sa propre relation à la culture. En plus de l’animation, je gère la partie technique, du son au mixage et montage audio.
Depuis l’été 2024, l’association s’est développée autour de cette philosophie de “bulles de culture”. Nous organisons des quiz, des micro-trottoirs, des soirées jeux et nous préparons à lancer des projections de films. Par ailleurs, nous avons commencé à publier le fanzine J’acuzz', où nous explorons un verbe à l’infinitif comme point de départ pour parler de pop culture, proposer des créations personnelles, et parfois de sujets plus engagés ou insolents, toujours dans un esprit créatif et décomplexé.
Culturbitacées, c’est une aventure collective, un lieu où la culture, sous toutes ses formes, peut être partagée et vécue pleinement, sans prétention ni barrière.
Extrait de J'acuzz' numéro 1 : Recommencer
The Discipline of D.E.
En 1978, Gus Van Sant, jeune étudiant, réalise son premier court métrage. Il adapte un essai écrit par William Burrough à propos d’une technique soi-disant révolutionnaire pour réussir tout ce que l’on entreprend avec une simplicité enfantine. L’idée est simple, en s’inspirant de la philosophie Zen et de la discipline personnelle vous atteindrez le niveau ultime d’efficacité et donc le bien-être le plus équilibré. Comment faire me direz-vous ? Recommencez. Vous vouliez lancer une boule de papier dans la poubelle depuis l’autre bout de la pièce mais elle est tombée à côté ? Ramassez votre boule de papier, repositionnez-vous à l’endroit exact où vous étiez et relancez-la. Faites ceci pour tous vos petits échecs et vos petites frustrations quotidiennes. Vous avez fermé votre volet un peu trop vite et il vous a cogné le coude ? Plutôt que de le fermer en fronçant les sourcils et en râlant, reprenez cette tâche depuis son commencement. Ressortez même de la pièce si vous en avez envie pour vous remettre parfaitement en situation. L’idée ici n’est pas vraiment de perfectionner des mouvements ou de devenir la personne la plus habile qui existe mais plutôt de ne pas se laisser marcher dessus par des objets semblants subitement être animés. Ce n’est pas non plus une vengeance, surtout pas ! N’allez pas détruire le coin de meuble qui vous a blessé le petit orteil et n’arrachez surtout pas la poignée de porte dans laquelle votre pull préféré s’est troué. Vous devez montrer à ces objets farceurs et à ces coups du sort que vous êtes plus malins, plus doués qu’eux. Vous devez leur montrer que vous êtes plus patients, plus organisés et qu’ils n’auront jamais raison de votre bien être. Ce film à la base absurde et amusant n’est finalement pas que ça. Il joue avec notre propre perception de la réalité, il joue sur notre propre vision de notre quotidien et fait réfléchir autrement aux choses qui nous entourent. On parle ici d’objets tombant par terre et de vases brisés mais si nous regardons un peu plus loin, il nous ouvre la voie pour quelque-chose de très important : ne plus se considérer comme le centre du monde. Ici, recommencer serait un exercice de diminution d’ego. Vous pensez que vous passez une mauvaise journée, que l’univers est contre vous parce-que vous avez trébuché, parce-que quelque-chose n’a pas fonctionné comme d’habitude ou parce-que quelqu’un était plus pressé que vous sur le trajet et vous a bousculé. Le fait est que rien n’est contre vous directement. Pour certaines personnes c’est une angoisse de l’apprendre, pour d’autres c’est une libération. L’existence est faite de chaos, le chaos est omniprésent et se traduit dans des milliers de formes différentes mais il ne tient qu’à nous de réussir à l’apprivoiser, le contrôler, le concevoir. Vous n’êtes pas victime puisque vous êtes un produit de ce chaos que vous créez vous aussi, volontairement ou non. Devenez Zen, recommencez. Recommencez chaque tache qui ne vous a pas apporté de sérénité. Recommencez jusqu’à que cette tache vous apporte de la sérénité. La sérénité est le sentiment d’équilibre que nous recherchons dans cette quête absurde que nous appelons la vie. Réappropriez-vous cette « vie » qui n’a quasiment plus de sens. Recommencez. Recommencez à vivre.
MatDar
Top 100 des films qui m'ont le plus marqué, fait en parallèle avec Jules et Sylvain, coprésentateurs de Culturo Trip, et à retrouver en intégralité sur Instagram.
100/100
Avec @ihcnaib et @sy_belin, mes géniaux comparses de @culturbitacees et sous l'impulsion de ce fantastique JujiJul nous avons pris l'envie de faire un top 100 films qui nous ont marqué, les ordonner, et vous en proposer un par jour pendant 100 jours !
J'ai particulièrement essayé de proposer une liste hétérogène, de m'attarder sur mon attachement émotionnel à l'œuvre en essayant de rester équilibré dans mes choix. Il y aura des mauvais films, des films que je n'ai pas revus depuis longtemps, des films qu'on a envie de cancel pour une raison ou une autre mais ça sera un miroir de mon cheminement culturel et j'espère qu'il nous inspirera pour discuter et partager toujours plus de culture.
Je commence pour ce premier janvier (bonne année d'ailleurs) par Azumi de Ryūhei Kitamura, sorti en 2003. Je l'ai vu à sa sortie et n'ai que récemment découvert qu'il était adapté du manga éponyme. Dans le Japon féodal, nous suivons la vie de Azumi, élevée avec d'autres orphelins pour devenir une assassin hors pair. De nombreuses idées et images m'ont longtemps hanté, troublé, choqué. Le film est cheap et moche mais l'histoire a tout des contes cruels et poétiques que j'affectionne tant.
Levez la main celleux qui l'ont vu et stay tuned je risque de parler de musique bientôt, d'une manière ou d'une autre !

94/100

Pour ce top 94 de notre super top 100 des films qui nous ont marqués qu'on fait avec les merveilleux @ihcnaib et @sy_belin j'ai choisi Forrest Gump de Robert Zemeckis sorti en 1994.
Forrest Gump fait partie de ces films que je suis heureux d'avoir découvert enfant et d'avoir pu le déconstruire par la suite. Je ne connaissais encore rien des grandes ficelles des films hollywoodiens. Mon histoire des États-Unis se résumait probablement à Tintin en Amérique et je n'étais encore qu'un embryon dans ma compréhension du monde. Cependant, je me souviens le regarder à la télé un soir en famille. Je me souviens être allé chercher du chocolat pendant la coupure pub. Je me souviens qu'à la fin du film, pour la toute première fois, mon chocolat était toujours posé à côté de moi. J'étais sous le choc. Les aventures de ce bonhomme un peu benêt mais très touchant m'ont tellement emporté que j'en avais oublié ma friandise. Il m'a longtemps bercé, m'a fait rêver d'une Amérique qui s'est avérée être fausse, m'a fait croire à une vision de l'amour à laquelle je n'appartiens plus, m'a même fait penser que le capitalisme, ce n'était pas si pire.
Au fond, il nous présente le parfait citoyen Américain comme l'idiot docile et travailleur que les gouvernements aimeraient avoir par milliards.
Ce film est problématique mais il sera à tout jamais dans mon cœur.

84/100

Pour ce top 84 de notre super top 100 des films qui
nous ont marqués qu'on fait avec les merveilleux
@ihcnaib et @sy_belin j'ai choisi The Devil and Daniel Johnston de Jeff Feuerzeig sorti en 2005.

Vous connaissez ces semaines qui paraissent interminables ? Ces jeudis soir où vous n'avez plus trop goût à grand-chose, où ça ne se passe pas très bien au travail, où vous souffrez d'une récente rupture, où vous n'êtes pas satisfait.es de ce en quoi vous aviez mis de l'espoir ? C'est exactement dans ces circonstances que j'ai découvert, au hasard de OCS, ce documentaire sur Daniel Johnston, un obscur chanteur que j'aimais déjà énormément. Je n'avais entendu parler de lui que quelques années auparavant, au moment de sa mort en 2019, et connaissais donc bien mieux sa musique que sa personne. Découvrir ce documentaire de 2005 proposant un parcours de son enfance jusqu'alors n'en était donc que plus émouvant. C'était un instant nécessaire dans ce tunnel sombre que je traversais. L'immense sincérité et la douceur avec laquelle tout est présenté, le côté cru de l'image, ses chansons répétées m'ont profondément touchés et m'ont permis d'ouvrir mes valves lacrymales qui avaient un ineffable besoin de sortir.

73/100

Pour ce top 73 de notre super top 100 des films qui nous ont marqués qu'on fait avec les merveilleux @ihcnaib et @sy_belin j'ai choisi Las Vegas Parano de Terry Gilliam sorti en 1998.
Encore un film découvert relativement tôt, à la fin du collège ou peut-être au début du lycée. Avec un copain, nous étions obsédés par ce grand thème qu'était "la liberté". On en parlait pendant des heures sur msn, à essayer de savoir ce qui fait qu'un être est libre ou pas. Il m'avait conseillé sur le sujet de regarder ce film et de m'intéresser à Hunter S. Thompson. Comme j'étais déjà passionné par les USA des années 60, woodstock etc. j'avais entendu parler de ce journaliste impertinent du Rolling Stone Magazine qui se droguait autant qu'il écrivait. Le film de Terry Gilliam m'a ouvert les portes à plein de choses. Il m'a apporté un regard moins fantasmé des USA, que j'imaginais à l'époque comme la terre promise des hippies et de la contre-culture mondiale. Il m'a apporté un regard plus nuancé sur cette notion de liberté, me montrant que chercher à tout prix à l'atteindre par ses actes est contre-productif tant c'est une notion abstraite et nuancée. C'est aussi un film drôle et explosif qui m'a follement donné envie d'écrire, m'a fait fantasmer une vie de journaliste arpentant les routes, observant mon entourage, écrivant mes ressentis et cherchant du sens à l'existence.

65/100
Pour ce top 65 de notre super top 100 des films qui nous ont marqués qu'on fait avec les merveilleux @ihcnaib et @sy_belin j'ai choisi Uncut Gems de Benny et Josh Safdie sorti en 2019.

On reste dans la même période que les deux précédents films, comme quoi il s'en passait des trucs dans ma tête et dans ma vie à l'époque ! J'ai découvert Uncut Gems au hasard de Netflix, un soir où avec @andreww.me on voulait se faire un petit film chez moi. Je n'avais pas réalisé sur le moment que c'était un film des frères Safdie, ceux qui avaient réalisé Good Time quelques années auparavant. Good Time, c'est mon dawg Cyril, un des meilleurs compères d'analyse de ma vie qui me le conseillait depuis quelques temps déjà. Je n'avais pas non plus saisi dans quoi j'allais engager ce pauvre Andrew, pensant regarder un film semi-comique avec Adam Sandler. Le film s'ouvre sur une carrière en Éthiopie où une opale rare est découverte. Nous nous enfonçons, dans une scène psychédélique et hypnotisante, à l'intérieur kaléidoscopique de cette pierre colorée. Après ça, le film ne nous laisse plus respirer. Nous suivons le personnage d'Adam Sandler, joaillier véreux et addict aux paris sportifs se perdre dans une spirale de stress, de risques et de mauvaises décisions. Je me souviens avoir été complètement accroché à mon canapé pendant ce dimanche soir, subir ce que le film cherchait à me faire subir, comprendre ce que représentait ce personnage détestable : la démence orgueilleuse et gloutonne d'une fange de l'humanité au cerveau corrompu par l'appât du gain. Uncut Gems est un film à l'image de ces derniers. Je me souviens d'Andrew me regardant pendant le générique, les yeux grands ouverts, me disant "je m'attendais pas à regarder un truc comme ça". Moi non plus.





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