Culturbitacées – une association née de l’envie de partager une culture libre, accessible et sans complexes, qui a vu le jour avec le lancement du podcast CulturoTrip.
Dans ce podcast, co-animé par Jules Bianchi, Sylvain Belin et moi-même, nous invitons des personnes de tous horizons à partager trois œuvres qui ont marqué leur vie. L’idée n’est pas de se limiter aux classiques ou aux œuvres reconnues, mais de s’intéresser à celles qui résonnent personnellement avec nos invités. Ce format offre un espace d’échange authentique, où chacun peut célébrer sa propre relation à la culture. En plus de l’animation, je gère la partie technique, du son au mixage et montage audio.
Depuis l’été 2024, l’association s’est développée autour de cette philosophie de “bulles de culture”. Nous organisons des quiz, des micro-trottoirs, des soirées jeux et nous préparons à lancer des projections de films. Par ailleurs, nous avons commencé à publier le fanzine J’acuzz', où nous explorons un verbe à l’infinitif comme point de départ pour parler de pop culture, proposer des créations personnelles, et parfois de sujets plus engagés ou insolents, toujours dans un esprit créatif et décomplexé.
Culturbitacées, c’est une aventure collective, un lieu où la culture, sous toutes ses formes, peut être partagée et vécue pleinement, sans prétention ni barrière.
Extrait de J'acuzz' numéro 1 : Recommencer
The Discipline of D.E.
En 1978, Gus Van Sant, jeune étudiant, réalise son premier court métrage. Il adapte un essai écrit par William Burrough à propos d’une technique soi-disant révolutionnaire pour réussir tout ce que l’on entreprend avec une simplicité enfantine. L’idée est simple, en s’inspirant de la philosophie Zen et de la discipline personnelle vous atteindrez le niveau ultime d’efficacité et donc le bien-être le plus équilibré. Comment faire me direz-vous ? Recommencez. Vous vouliez lancer une boule de papier dans la poubelle depuis l’autre bout de la pièce mais elle est tombée à côté ? Ramassez votre boule de papier, repositionnez-vous à l’endroit exact où vous étiez et relancez-la. Faites ceci pour tous vos petits échecs et vos petites frustrations quotidiennes. Vous avez fermé votre volet un peu trop vite et il vous a cogné le coude ? Plutôt que de le fermer en fronçant les sourcils et en râlant, reprenez cette tâche depuis son commencement. Ressortez même de la pièce si vous en avez envie pour vous remettre parfaitement en situation. L’idée ici n’est pas vraiment de perfectionner des mouvements ou de devenir la personne la plus habile qui existe mais plutôt de ne pas se laisser marcher dessus par des objets semblants subitement être animés. Ce n’est pas non plus une vengeance, surtout pas ! N’allez pas détruire le coin de meuble qui vous a blessé le petit orteil et n’arrachez surtout pas la poignée de porte dans laquelle votre pull préféré s’est troué. Vous devez montrer à ces objets farceurs et à ces coups du sort que vous êtes plus malins, plus doués qu’eux. Vous devez leur montrer que vous êtes plus patients, plus organisés et qu’ils n’auront jamais raison de votre bien être. Ce film à la base absurde et amusant n’est finalement pas que ça. Il joue avec notre propre perception de la réalité, il joue sur notre propre vision de notre quotidien et fait réfléchir autrement aux choses qui nous entourent. On parle ici d’objets tombant par terre et de vases brisés mais si nous regardons un peu plus loin, il nous ouvre la voie pour quelque-chose de très important : ne plus se considérer comme le centre du monde. Ici, recommencer serait un exercice de diminution d’ego. Vous pensez que vous passez une mauvaise journée, que l’univers est contre vous parce-que vous avez trébuché, parce-que quelque-chose n’a pas fonctionné comme d’habitude ou parce-que quelqu’un était plus pressé que vous sur le trajet et vous a bousculé. Le fait est que rien n’est contre vous directement. Pour certaines personnes c’est une angoisse de l’apprendre, pour d’autres c’est une libération. L’existence est faite de chaos, le chaos est omniprésent et se traduit dans des milliers de formes différentes mais il ne tient qu’à nous de réussir à l’apprivoiser, le contrôler, le concevoir. Vous n’êtes pas victime puisque vous êtes un produit de ce chaos que vous créez vous aussi, volontairement ou non. Devenez Zen, recommencez. Recommencez chaque tache qui ne vous a pas apporté de sérénité. Recommencez jusqu’à que cette tache vous apporte de la sérénité. La sérénité est le sentiment d’équilibre que nous recherchons dans cette quête absurde que nous appelons la vie. Réappropriez-vous cette « vie » qui n’a quasiment plus de sens. Recommencez. Recommencez à vivre.
MatDar
Top 100 des films qui m'ont le plus marqué, fait en parallèle avec Jules et Sylvain, coprésentateurs de Culturo Trip, et à retrouver en intégralité sur Instagram.
100/100
Avec @ihcnaib et @sy_belin, mes géniaux comparses de @culturbitacees et sous l'impulsion de ce fantastique JujiJul nous avons pris l'envie de faire un top 100 films qui nous ont marqué, les ordonner, et vous en proposer un par jour pendant 100 jours !
J'ai particulièrement essayé de proposer une liste hétérogène, de m'attarder sur mon attachement émotionnel à l'œuvre en essayant de rester équilibré dans mes choix. Il y aura des mauvais films, des films que je n'ai pas revus depuis longtemps, des films qu'on a envie de cancel pour une raison ou une autre mais ça sera un miroir de mon cheminement culturel et j'espère qu'il nous inspirera pour discuter et partager toujours plus de culture.
Je commence pour ce premier janvier (bonne année d'ailleurs) par Azumi de Ryūhei Kitamura, sorti en 2003. Je l'ai vu à sa sortie et n'ai que récemment découvert qu'il était adapté du manga éponyme. Dans le Japon féodal, nous suivons la vie de Azumi, élevée avec d'autres orphelins pour devenir une assassin hors pair. De nombreuses idées et images m'ont longtemps hanté, troublé, choqué. Le film est cheap et moche mais l'histoire a tout des contes cruels et poétiques que j'affectionne tant.
Levez la main celleux qui l'ont vu et stay tuned je risque de parler de musique bientôt, d'une manière ou d'une autre !

94/100

Pour ce top 94 de notre super top 100 des films qui nous ont marqués qu'on fait avec les merveilleux @ihcnaib et @sy_belin j'ai choisi Forrest Gump de Robert Zemeckis sorti en 1994.
Forrest Gump fait partie de ces films que je suis heureux d'avoir découvert enfant et d'avoir pu le déconstruire par la suite. Je ne connaissais encore rien des grandes ficelles des films hollywoodiens. Mon histoire des États-Unis se résumait probablement à Tintin en Amérique et je n'étais encore qu'un embryon dans ma compréhension du monde. Cependant, je me souviens le regarder à la télé un soir en famille. Je me souviens être allé chercher du chocolat pendant la coupure pub. Je me souviens qu'à la fin du film, pour la toute première fois, mon chocolat était toujours posé à côté de moi. J'étais sous le choc. Les aventures de ce bonhomme un peu benêt mais très touchant m'ont tellement emporté que j'en avais oublié ma friandise. Il m'a longtemps bercé, m'a fait rêver d'une Amérique qui s'est avérée être fausse, m'a fait croire à une vision de l'amour à laquelle je n'appartiens plus, m'a même fait penser que le capitalisme, ce n'était pas si pire.
Au fond, il nous présente le parfait citoyen Américain comme l'idiot docile et travailleur que les gouvernements aimeraient avoir par milliards.
Ce film est problématique mais il sera à tout jamais dans mon cœur.

84/100

Pour ce top 84 de notre super top 100 des films qui
nous ont marqués qu'on fait avec les merveilleux
@ihcnaib et @sy_belin j'ai choisi The Devil and Daniel Johnston de Jeff Feuerzeig sorti en 2005.

Vous connaissez ces semaines qui paraissent interminables ? Ces jeudis soir où vous n'avez plus trop goût à grand-chose, où ça ne se passe pas très bien au travail, où vous souffrez d'une récente rupture, où vous n'êtes pas satisfait.es de ce en quoi vous aviez mis de l'espoir ? C'est exactement dans ces circonstances que j'ai découvert, au hasard de OCS, ce documentaire sur Daniel Johnston, un obscur chanteur que j'aimais déjà énormément. Je n'avais entendu parler de lui que quelques années auparavant, au moment de sa mort en 2019, et connaissais donc bien mieux sa musique que sa personne. Découvrir ce documentaire de 2005 proposant un parcours de son enfance jusqu'alors n'en était donc que plus émouvant. C'était un instant nécessaire dans ce tunnel sombre que je traversais. L'immense sincérité et la douceur avec laquelle tout est présenté, le côté cru de l'image, ses chansons répétées m'ont profondément touchés et m'ont permis d'ouvrir mes valves lacrymales qui avaient un ineffable besoin de sortir.

73/100

Pour ce top 73 de notre super top 100 des films qui nous ont marqués qu'on fait avec les merveilleux @ihcnaib et @sy_belin j'ai choisi Las Vegas Parano de Terry Gilliam sorti en 1998.

Encore un film découvert relativement tôt, à la fin du collège ou peut-être au début du lycée. Avec un copain, nous étions obsédés par ce grand thème qu'était "la liberté". On en parlait pendant des heures sur msn, à essayer de savoir ce qui fait qu'un être est libre ou pas. Il m'avait conseillé sur le sujet de regarder ce film et de m'intéresser à Hunter S. Thompson. Comme j'étais déjà passionné par les USA des années 60, woodstock etc. j'avais entendu parler de ce journaliste impertinent du Rolling Stone Magazine qui se droguait autant qu'il écrivait. Le film de Terry Gilliam m'a ouvert les portes à plein de choses. Il m'a apporté un regard moins fantasmé des USA, que j'imaginais à l'époque comme la terre promise des hippies et de la contre-culture mondiale. Il m'a apporté un regard plus nuancé sur cette notion de liberté, me montrant que chercher à tout prix à l'atteindre par ses actes est contre-productif tant c'est une notion abstraite et nuancée. C'est aussi un film drôle et explosif qui m'a follement donné envie d'écrire, m'a fait fantasmer une vie de journaliste arpentant les routes, observant mon entourage, écrivant mes ressentis et cherchant du sens à l'existence.

65/100


Pour ce top 65 de notre super top 100 des films qui nous ont marqués qu'on fait avec les merveilleux @ihcnaib et @sy_belin j'ai choisi Uncut Gems de Benny et Josh Safdie sorti en 2019.


On reste dans la même période que les deux précédents films, comme quoi il s'en passait des trucs dans ma tête et dans ma vie à l'époque ! J'ai découvert Uncut Gems au hasard de Netflix, un soir où avec @andreww.me on voulait se faire un petit film chez moi. Je n'avais pas réalisé sur le moment que c'était un film des frères Safdie, ceux qui avaient réalisé Good Time quelques années auparavant. Good Time, c'est mon dawg Cyril, un des meilleurs compères d'analyse de ma vie qui me le conseillait depuis quelques temps déjà. Je n'avais pas non plus saisi dans quoi j'allais engager ce pauvre Andrew, pensant regarder un film semi-comique avec Adam Sandler. Le film s'ouvre sur une carrière en Éthiopie où une opale rare est découverte. Nous nous enfonçons, dans une scène psychédélique et hypnotisante, à l'intérieur kaléidoscopique de cette pierre colorée. Après ça, le film ne nous laisse plus respirer. Nous suivons le personnage d'Adam Sandler, joaillier véreux et addict aux paris sportifs se perdre dans une spirale de stress, de risques et de mauvaises décisions. Je me souviens avoir été complètement accroché à mon canapé pendant ce dimanche soir, subir ce que le film cherchait à me faire subir, comprendre ce que représentait ce personnage détestable : la démence orgueilleuse et gloutonne d'une fange de l'humanité au cerveau corrompu par l'appât du gain. Uncut Gems est un film à l'image de ces derniers. Je me souviens d'Andrew me regardant pendant le générique, les yeux grands ouverts, me disant "je m'attendais pas à regarder un truc comme ça". Moi non plus.

60/100
Pour ce top 60 de notre super top 100 des films qui nous ont marqués qu'on fait avec les merveilleux @ihcnaib et @sy_belin j'ai choisi Le Cercle (the ring) de Gore Verbinski sorti en 2002.
Je sais que le film de Nakata, dont celui-ci est l’adaptation, est largement meilleur, mais ici, on raconte nos souvenirs et nos ressentis dans leur contexte. Et c’est celui-ci que j’ai vu en premier ! C’était chez mon copain @florentaltermatt, un mercredi après-midi après l’école. Nous étions seuls. Le film venait probablement de Vidéo Futur, emprunté par une de ses sœurs. On a sauté sur l’occasion. Pour se mettre en condition, on a fermé les volets et préparé l’ambiance.
Pour ceux qui ne connaissent pas : dans ce film, une cassette maudite circule. Sur la VHS, des images inquiétantes – un puits, une fillette qui en sort. Puis un appel téléphonique grésillant vous annonce : « 7 jours... » avant une mort inévitable. Dès le début, j’ai été happé. Les visages déformés des victimes, le mysticisme étrange de la cassette, l’enquête qui s’amorce… Tout me plongeait dans une peur que je maîtrisais encore mal.
Je crois que c’était au début du dernier quart du film, quand la tension est à son comble, que le téléphone a sonné. Nous étions seuls. Il a dû répondre. Accroché au canapé, je le regardais s’approcher du combiné. Allô ? Allô ? Il m’a invité à écouter. Au bout du fil, juste un bruit grésillant, incompréhensible. On a raccroché en riant, gênés, mais au fond de moi, j’étais pétrifié.
Sur le chemin du retour chez mes parents, en cette fin d’après-midi, impossible de me sortir ce coup de fil de la tête. Et s’il avait sonné pour une raison ? Et si ce bruit n’était pas anodin ? Une chose était certaine : l’épouvante allait me coller à la peau.

45/100
Pour ce top 45 de notre super top 100 des films qui nous ont marqués qu'on fait avec les merveilleux @ihcnaib et @sy_belin j'ai choisi Halloween de John Carpenter sorti en 1978.
Je ne sais plus du tout comment j'avais mis la main dessus. Je pense que quelqu'un avait dû l'enregistrer en K7 à la maison. Le fait est que, quand j'avais 12/13 ans, c'était les premiers moments où mes parents me laissaient passer des nuits entières tout seul à la maison. Ce soir là j'avais envie de me faire un petit frisson et découvrir ce film dont j'avais entendu parler mais que je ne connaissais absolument pas. Je me souviens à quel point j'ai été absorbé par le film. Le personnage de Mike Myers, tueur indomptable, mutique et omniprésent n'a pas manqué de me glacer le sang et Jamie Lee Curtis a toujours eu un je-ne-sais-quoi qui m'était particulièrement familier.
Une fois le film terminé, encore fébrile, je me suis levé pour récupérer quelque-chose dans la cuisine. La grande maison où j'ai grandi, complètement vide, avec son atmosphère grinçante, les branches des arbres qui frappent les murs avec le vent et le côté pesant de la campagne avaient alimenté la peur construite par le visionnage. Ce n'était pourtant pas ma première rencontre avec l'épouvante, mais la première fois que je ressentais ça tout en étant seul. Je me souviens qu'en revenant de la cuisine, j'ai entendu le robinet de la salle de bain couler, alors que je n'avais aucun souvenir de l'avoir ouvert. Je pense rétrospectivement que j'avais juste oublié, perdu dans mes pensées encore fraîches d'un film qui m'avait hérissé le poil. Je pense aussi que j'avais envie d'avoir peur, que j'étais en demande de ces sensations fortes. Je me suis empressé d'allumer toutes les lumières de la maison et de prendre un vieux rabot qui traînait pour m'en faire une arme et chercher cet assassin ouvreur de robinets que j'avais construit dans ma tête. C'était une recherche à la fois flippante et amusante, où je me rendais compte en temps réel du ridicule de l'acte mais qu'il était nécessaire pour exorciser cette angoisse et ne pas faire une nuit blanche !

40/100
Pour ce top 40 de notre super top 100 des films qui nous ont marqués qu'on fait avec les merveilleux @ihcnaib et @sy_belin j'ai choisi Julien Donkey-Boy de Harmony Korine sorti en 1999.
A la fac, une prof avait décidé de terminer l'année sur ce film. Les deux dernières heures de ce TD dont je n'ai aucun souvenir (je n'étais pas un élève très rigoureux) avait donc été le visionnage de Julien suivi d'une discussion. Le film avait laissé la classe muette. Malgré les sollicitations, seules quelques personnes se sont essayées à une analyse, le replaçant dans le dogme95 et cherchant à lui coller des étiquettes.
De mon point de vue et avec mon ressenti, ce n'était typiquement pas un film qui méritait une analyse et encore moins une analyse scolaire forcée deux minutes après le visionnage (j'exagère, on a quand même eu droit à une pause café entre les deux).
Julien Donkey-Boy c'est de la poésie cradasse. C'est trouver de la tendresse dans ce qu'il y a de plus laid et de plus inconfortable dans les rapports humains. C'est une lettre d'amour à ceux que personne ne veut voir, aux familles cassées, aux freaks et aux handicapés, à ceux qui font tout à l'envers. J'ai beaucoup entendu de camarades trouver ça prétentieux alors que de mon côté je trouvais ça éminemment punk.
Je pense que ça a surtout parlé à certains souvenirs d'enfance bien précis... les moments où je traînais avec A.C., chez son grand père qui ne bougeait pas de son fauteuil et qui m'angoissait, avec son oncle alcoolique de deux mètres qui m'impressionnait et où la seule rédemption de cette famille brisée était sa maman qui est malheureusement décédée beaucoup trop tôt d'une infection dentaire non-soignée. C'était aussi les copains du HLM et leurs histoires à dormir debout, leurs gueules cassées du haut de leur huit ans et les après-midi passées dans la boue, au stade ou a essayer de pêcher pour se sentir indépendants.
Avec des histoires différentes, ces puissantes sensations enfantines ont été retranscrites d'une manière particulièrement forte par Korine dans ce film hyper étrange qui mérite je pense très bien sa place dans le "top des films les plus difficiles à regarder".

31/100
Pour ce top 31 de notre super top 100 des films qui nous ont marqués qu'on fait avec les merveilleux @ihcnaib et @sy_belin, j’ai choisi La Saveur de la pastèque de Tsai Ming-liang, sorti en 2005.
En 2005, j'avais 13 ans. J'étais au CDI du collège quand un camarade m'a chuchoté avoir trouvé un bug dans le système : on pouvait regarder du porno sur les ordis du collège ! Après un regard de précaution il alla donc sur allocine pour me montrer la bande annonce de ce film Taiwanais obscur, La Saveur de la pastèque. Alors effectivement dans la bande annonce il y a une paire de fesses à un moment, mais ce qui m'avait surtout interpellé c'est que le film avait l'air complètement déjanté : des gens qui chantent en rigolant, un type déguisé en teub, un cuni fait par l'intermédiaire d'une demi-pastèque, j'étais particulièrement curieux de ce truc qui m'avait l'air absolument incongru.
J'ai réussi à le télécharger tant bien que mal dans une version pas très agréable, sans sous-titres, à l'image granuleuse et au son qui se coupait parfois. Ma curiosité prenant le dessus, je l'avais quand même regardé jusqu'au bout, me disant que le film n'étant que peu bavard, je pouvais me raconter l'histoire juste avec les images. Heureusement que je l'ai revu plusieurs fois depuis pour comprendre un peu mieux de quoi il s'agit.
J'ai pas envie de vous raconter l'histoire. Si vous avez envie de le découvrir je trouve ça mieux de ne pas en savoir grand chose mais sachez qu'il y a autant de tragique que de comique, qu'il y a autant d'amour que de solitude et que tout est fait dans le film pour vous faire ressentir le poids de la chaleur et de la déshydratation.
D'ailleurs, n'oubliez pas de boire de l'eau, dans 10-20 ans y'en aura plus.

20/100

Pour ce top 20 de notre super top 100 des films qui nous ont marqués qu'on fait avec les merveilleux @ihcnaib et @sy_belin, j’ai choisi Will Hunting de Gus Van Sant, sorti en 1998.

L'autre fois en discutant avec ma sœur de CulturoTrip (vous savez cet excellent podcast que je ne peux que vous conseiller grandement d'écouter si ces petites chroniques vous intéressent) elle me disait qu'elle n'a aucune culture et que jamais elle ne pourrait parler d’œuvres qui l'ont marquée (alors que nous on pense justement que tout le monde a au fond de lui un œuvre qui l'a marqué). Après une petite réflexion, elle a quand même cité ce film comme étant son préféré.
C'est un film qu'on a tellement partagé avec elle quand on était enfants, puis ados, puis plus grands, et qui je pense nous ont marqué pour les mêmes raisons (de toutes façons elle n'est pas sur insta pour me démentir)
D'abord, c'est son côté tape-à-l’œil avec ce prodige, cette sorte de super-héros dans l'ombre qu'est le personnage de Will, surdoué qui fait des ménages et remet à leur place les petits bourgeois arrogants.
Ensuite, c'est le portrait des familles prolétariennes, avec ce qu'elles ont de bagage traumatique et de codes sociaux. Cette douleur de grandir dans des climats violents, de se forger à travers des modèles qui n'en sont finalement pas, d'avoir peur.
Enfin, c'est cette bataille contre ses acquis. Contre ces fondations mentales et émotionnelles qui paraissent figées à jamais mais qui, et le film le démontre bien, peuvent être outrepassées.
Enfin, je pense que c'est pour son thème qui s'avère être les choix de vie. Un film qui nous invite à ne pas écouter les stigmates sociaux qui nous disent de rester. Ne pas écouter ses frères qui nous disent de faire "mieux" parce-qu'on a du potentiel. Ne pas suivre ni la voie dorée, ni la voie de l'humilité.
Aller là où notre cœur nous appelle.

19/100

Pour ce top 19 de notre super top 100 des films qui nous ont marqués qu'on fait avec les merveilleux @ihcnaib et @sy_belin, j’ai choisi Bienvenue à Gattaca d'Andrew Niccol, sorti en 1997. Et bonne nouvelle : nous avons été rejoints par le formidable @georges_genou pour finir ce top en beauté !

Si le film d'hier me rappellera toujours ma sœur, celui-ci me rappellera toujours mon frère. C'est drôle parce que ce sont deux films qui parlent de fraternité sous un spectre complètement différent mais chacune de ces deux atmosphères ont des atomes crochus avec mes propres frangin.es. L'une très réaliste, l'autre très imaginative.
Ici, nous sommes dans une histoire d'anticipation où la société bricole génétiquement ses bébés pour créer un monde d'êtres parfaits. Le personnage d'Ethan Hawke est l'un de ces derniers êtres "naturels" et se retrouve en compétition permanente avec son frère, qui lui a été génétiquement "amélioré" in utero.
Cette lutte et ces réflexions permanentes sur la perfection et la différence m'ont marqué au fer rouge. Mon grand frère a toujours été pour moi un modèle, un exemple à suivre. Un être "parfait".
Ici, il y a cette envie profonde de mettre en avant la force de l'instabilité et du défectueux. De montrer la beauté de l'arrogance et le pouvoir de la volonté. D'aller au-delà des chiffres et des performances. De mettre un projecteur coloré sur la différence dans un monde d’aseptisés.
Il y a une humanité profonde, une esthétique en miroir de son sujet et une philosophie propre à ce film qui en fait l'un de ceux qui m'a le plus marqué quand j'étais enfant. Aujourd'hui mes souvenirs s'étiolent et me replonger dans ce souvenir me donne une furieuse envie de le revoir.

6/100

Pour ce top 6 de notre super top 100 des films qui nous ont marqués qu'on fait avec les merveilleux @ihcnaib, @sy_belin, et @georges_genou j’ai choisi All About Lily Chou-Chou de Shunji Iwai, sorti en 2001.

Je suis un gosse d'internet. Comme mon père travaillait aux télécoms, on a eu accès hyper tôt à un ordinateur et aux premières disquettes AOL. J'y ai passé beaucoup de temps. J'y passe encore beaucoup de temps. J'ai exploré des contrées étranges sur des sites fabriqués avec peu de choses, aux prémices de ce qu'est devenu cet univers tentaculaire. Jeune ado, j'y ai découvert les forums et des communautés d'internautes qui partageaient les mêmes obsessions que moi et racontaient leurs troubles du quotidien. C'est là que j'ai commencé à partager avec des inconnus ma vie personnelle et mes obsessions pour des œuvres culturelles.
J'ai découvert Lily Chou-Chou sur l'un de ces forums, 4chan, où il a une place de film culte pour tous ces enfants du web. En même temps, Lily Chou-Chou parle de nous et il le fait d'une manière tellement sincère et émotive qu'il en est devenu ce bijou intemporel. Figé en 2001, nous suivons ce jeune garçon, Hasumi, qui se fait bully à l'école mais qui reste de marbre, trouvant du réconfort dans les chansons de son artiste préférée, Lily Chou-Chou, et dans les conversations qu'il a avec ses amis en ligne.
Les décors, à la frontière entre la ville et la campagne, sont ceux dans lesquels j'ai grandi. Ce sont ces décors qui viennent appuyer sur cette sorte d'enfermement solitaire que peut être l'adolescence, surtout quand on est un peu mutique et pas très bien dans sa peau. C'est la rédemption à travers l'art, puisqu'au delà d'être obsédé par une artiste, c'est avant tout un enfant sensible à une forme de musique unique et éthérée. C'est le film qui retranscrit le mieux les émotions et l'atmosphère de mon adolescence et il ne manque jamais de me toucher. La BO est splendide et ces images resteront toujours gravées dans mon cœur.


1/100

The Truman Show, Peter Weir, 1998.

Et voilà, c'est un clap de fin pour ces 100 jours passés à vous raconter nos souvenirs à travers les films qui ont marqué nos vies avec @sy_belin @ihcnaib @georges_genou !
Comme je l'expliquais le premier janvier dans le post sur Azumi, j'ai essayé de faire ressortir de ce top plein de choses différentes. Disons que si deux films m'avaient marqué pour la même raison, je n'en aurais mis qu'un des deux, aussi frustrant ce choix soit-il. J'ai aussi essayé de trouver des formes, des ressentis, des atmosphères qui m'ont secoué de manière très différente et c'est probablement pour ça que ce top fourmille de bizarreries.
Faire cet exercice a mis en lumière pour moi l'importance du contexte. C'est quelque chose qui m'avait déjà fait réfléchir en discutant avec nos invités de CulturoTrip, mais bien que l’œuvre soit une chose et que nos sensibilités font qu'elle nous touche ou pas, parfois le "autour" joue encore plus. Réfléchir sous cet angle brise la hiérarchisation de l'art. N'importe qui peut aimer n'importe quoi, ce sont les raisons derrière cet amour qui sont intéressantes. Aimer un navet ne fait pas d'un spectateur un crétin, aimer un classique ne fait pas de lui un snob. Parfois, je ne comprends pas certains débats et partis-pris qui me semblent alimenter de l'égo là où l'art pourrait nous aider à mieux nous comprendre.
The Truman Show, c'est LE film qui m'a changé. Quand je l'ai découvert à la télé, vers mes huit ans, dans un rituel familial bien ancré d'un soir de week-end, je ne savais pas qu'on pouvait écrire des histoires comme celle-ci. Après plusieurs jours, j'y pensais toujours. Quand je regardais un miroir, j'y pensais. Quand je regardais la radio dans la voiture, j'y pensais. Quand je regardais un lampadaire, j'y pensais. À ce moment là, je me suis dit qu'avoir un tel impact sur quelqu'un avec une histoire, c'est la chose la plus forte qu'on pouvait faire, et ça m'a donné envie d'écrire des histoires. Aujourd'hui, même si j'en chie, je suis heureux d'être payé pour écrire des histoires. Et j'espère qu'un jour j'en écrirai une qui touchera un gamin assez pour lui donner envie d'en écrire lui aussi.


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